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Imitation - L'étranger
Cela va bien faire trois mois maintenant qu'elle les observe le soir en rentrant du travail.
Elles sont là, silencieuses, comme hors du temps.
Ni l'une ni l'autre n'a l'air bien vieille. La jeune fille n'a pas soufflé sa vingtième bougie et la petite chienne, quand à elle, semble affronter son premier hiver.
Chaque soir, elle les trouve un peu plus maigres, et pourtant elle ne s'arrête pas.
La jeune fille a les cheveux en bataille et les yeux cernés. Sa compagne a pris d'elle cet air résigné et cette couverture mitée. Elles ont l'air si jeunes et pourtant déjà abîmées.
Et elle y pense tous les soirs en augmentant le chauffage dans sa voiture.
Elle pense que sur deux ou quatre pattes grandir dans la rue est sans espoir.
Elle pense que c'est monstrueux, que la prochaine fois elle changera de trottoir.
J'ai essayé de m'inspirer de la description que Camus fait de Salamano et de son chien tout d'abord parce que je trouve que c'est un couple très intéressant et également car l'idée de portraits " maître et chien " m'a toujours inspirée.
Ici j'ai choisi de décrire les personnages à travers les yeux d'une passante afin de mettre en évidence l'indifférence de certains envers les personnes SDF. Un peu comme celle des personnages du roman qui se contentent de trouver " regrettable " que Salamano batte son chien.
